Plantes médicinales sauvages printanières
Nous sommes en juin et les plantes médicinales sauvages printanières sont déjà prêtes à être cueillies avec amour ! Présentation de 10 plantes qu’on veut comme amies pour bien commencer la saison. C’est parti !
Bardane
Arctium lappa
La bardane est une plante énorme considérée comme une herbe mauvaise, mais les herboristes savent pertinemment qu’aucune plante n’est vraiment mauvaise (sauf peut-être l’herbe à puce aaaahhhh). On utilise les grandes feuilles de bardane pour les soins de la peau et du sang, mais principalement ses racines pivotantes. Ces dernières sont souvent déterrées avec révérence à l’automne, mais il est tout à fait possible d’en profiter dès maintenant. Pour se faire, trouvez des vieux de plants de bardanes desséchés de l’année dernière et regardez autour pour des rosettes de feuilles. Les racines peuvent être consommées comme un légume (c’est excellent au four) ou macérées dans le vinaigre de cidre 5 % pour un effet dépuratif sanguin (idéale pour traiter plusieurs problèmes de peau).
Racines de bardane séchées en morceaux (Qualité Québec)
Framboisier
Rubus idaeus
Les jeunes feuilles de framboisier seront récoltées sur les plants de 2 ème année et plus. On reconnait le framboisier à ses épines et au-dessous plus pâle de ses feuilles. C’est l’une des plantes par excellence pour le système reproducteur féminin. Il accompagne la femme à toutes les étapes de sa vie : pendant les règles, lors d’une grossesse (bien que proscrit par Santé Canada) et à la ménopause. C’est de plus une plante astringente (elle resserre les tissus et possède donc une action cicatrisante) et nourrissante, car elle est riche en minéraux. Les tisanes de feuilles de framboisier ont une saveur herbacée douce et agréable si on les prépare avec soin.
Feuilles de framboisier séchées (Qualité Québec)
Extrait vinaigré de framboisier (Qualité Québec)
Lierre terrestre
Glechoma hederacea
Ce lierre sauvage pousse dans nos gazons. On le reconnait facilement à ses petites fleurs d’un mauve foncé. On pourra cueillir les parties aériennes et les faire sécher pour en faire des infusions ou les faire macérer en un glycéré pour les enfants. Le lierre terrestre possède des affinités avec le système respiratoire et le système lymphatique. C’est une excellente plante pour faire le grand ménage après un hiver chargé en infections respiratoires. C’est aussi une plante comestible au goût légèrement épicé qui pourra être ajoutée dans les salades ou dans les huiles culinaires.
Molène
Verbascum thapsus
Les jeunes feuilles de molène sont d’une douceur incroyable pour le système respiratoire. Il s’agit ni plus ni moins d’un baume pour les poumons. Attention aux tisanes toutefois, qui devront être parfaitement filtrées, au risque de chatouiller le palais de leurs petits poils. La molène se prépare facilement en glycéré et est d’un grand secours en cas d’asthme, même avec les enfants. Il est aussi possible de récolter ses racines. Les Anciens Grecs vantaient leur action sur le système osseux musculaire. Selon Matthew Wood, les racines de molène ramollissent ce qui est dur, un peu comme la plante qui pousse dans la roche, mais est toute molle.
Feuilles de molène séchées (Qualité Québec)
Ortie
Urtica dioica
L’ortie est bonne pour tout le monde. Les enfants, les adultes, les animaux, le jardin, etc., tous auront avantage à en profiter. C’est une plante nourrissante, riche en fer, légèrement diurétique et tonique du sang. Elle soutient de plus en cas d’allergies saisonnières en réduisant les symptômes. Elle tonifie le cuir chevelu et calme les douleurs musculaires. Chez les animaux, elle favorise un poil lustré chez les mammifères, ainsi que de belles plumes et des œufs à la coquille bien dure chez les poules. L’ortie est aussi comestible. En soupe, additionnée de quelques pommes de terre et de poireau, elle donne un potage vert et succulent. Attention toutefois lors de la cueillette. Puisqu’elle est urticante, il est recommandé de porter des gants.
Feuilles d'ortie séchées (Qualité Québec)
Pissenlit
Taraxacum officinalis
Tout du pissenlit est médicinal et comestible. Les feuilles, récoltées avant la floraison, sont délicieuses en salade et font office de tonique amer doux, idéales pour la digestion. Les racines possèdent aussi une action sur le système digestif, plus précisément sur la bile, car elles sont cholérétiques et cholagogues. On fait souvent macérer le pissenlit dans le vinaigre de cidre 5 % pour ses qualités digestives. C’est de plus une plante aquarétique, c’est-à-dire qu’elle favorise l’augmentation du volume des urines tout en fournissant du potassium. Les racines, tout comme les racines de bardane, sont excellentes au four (saveur amère). Si vous souhaitez colorer vos salades avec les fleurs de pissenlit, cueillez-les juste avant de les servir, car elles ne se conservent pas bien, même au frais.
Racines de pissenlit séchées (Qualité Québec)
Feuilles de pissenlit séchées (Qualité Québec)
Vidéo : Chips de racine de pissenlit
Plantain
Plantago major
Les jeunes feuilles de plantain sont récoltées rapidement au printemps. Comme elles sont souvent sales, on peut les laver (il s’agit d’une exception). On en fait une huile anti-inflammatoire et antiprurigineuse. Toutefois, le jus de plantain est sans contredit la forme la plus puissante. N’hésitez pas à réduire les feuilles de plantain en jus ou en purée et à les congeler pour en avoir sous la main toute l’année en cas de démangeaisons. Les feuilles de plantain servent aussi à fabriquer des sirops contre la toux et pour apaiser les symptômes d’infections urinaires, car elles protègent et adoucissent les muqueuses. Pendant l’été, on pourra mâcher les feuilles et les appliquer directement sur une piqûre de guêpe pour calmer la douleur ou de moustique pour calmer la démangeaison. Les feuilles sont consommées en cuisine comme des épinards.
Feuilles de plantain séchées (Qualité Québec)
Extrait oléique de plantain (Qualité Québec)
Prêle des champs
Equisetum arvense
Vous devrez bien identifier la prêle des champs avant de la récolter, car il existe d’autres prêles, malheureusement toxiques. Les « mâles » bruns sont sortis et commencent tranquillement à s’assécher, laissant place aux « femelles » bien vertes. Ce sont elles qui nous intéressent et qui doivent être récoltées rapidement, car avec le temps elles se concentrent en silice et deviennent cassantes. On les veut tendres. On les récoltera avec un petit ciseau pour éviter de les déraciner. La prêle des champs pousse près des cours d’eau, dans des sols humides. C’est une plante minéralisante et diurétique, intéressante pour traiter les articulations et les phanères dont les ongles font partie. Attention toutefois, c’est une plante à prendre avec parcimonie pour quelques jours seulement, car elle est drainante et peut assécher les tissus. Elle est aussi comestible et l’on s’en sert comme « éponge » à récurer.
Prêle des champs séchées (Qualité Québec)
Sapin baumier
Abies balsamea
On récoltera les jeunes pousses de sapin baumier (couleur d’un vert tendre) pour les faire macérer dans l’alcool, dans l’huile, dans le miel et même dans le sirop d’érable. La teinture de sapin est excellente pour le système respiratoire en interne, mais aussi pour le système musculaire en externe. L’huile possède une odeur exquise et sucrée, idéale pour les massages. Le miel calme les muqueuses respiratoires en cas d’infections et de mal de gorge et le sirop d’érable sur les crêpes en surprendra plus d’un. Les jeunes pousses de sapin sont de plus très riches en huiles essentielles et sauront réjouir les amateurs de distillation d’huiles essentielles et d’hydrolats. C’est aussi le temps de récolter la gomme de sapin à l’aide d’un picoué. Si nous devions vous recommander de récolter une seule plante ce printemps, ce serait sans aucune hésitation le sapin !
C'est ça un picoué...
Jeunes pousses de sapin baumier (Qualité Québec)
Miel de sapin baumier (Qualité Québec)
Extrait oléique de sapin baumier (Qualité Québec)
Tussilage
Tussilago farfara
Les fleurs de tussilage, aussi nommé perce-neige, nous disent déjà au revoir et leurs akènes s’envolent au gré du vent, mais les feuilles sont déjà installées, et ce pour tout l’été. Il est préférable de les récolter dès maintenant, en choisissant les petites feuilles recouvertes d’un duvet blanc. Le tussilage est un antitussif, il sera donc judicieux d’en faire des réserves en prévision du prochain hiver. On le transforme souvent en sirop contre la toux, mais attention, car il contient des alcaloïdes toxiques pour le foie. Il est donc suggéré de l’éviter avec les jeunes enfants et de le combiner à d’autres plantes comme la molène. La toux est un mécanisme naturel de l’organisme et s’il y a présence de mucus, elle est souhaitable. On pourra prendre le tussilage seulement s’il s’agit d’une toux non productive, soit une toux sèche, ou si la toux perdure depuis trop longtemps (douleurs abdominales).
Vidéo : comment faire un glycéré de Tussilage
Suggestions de cours et ateliers :
Identification des plantes médicinales
Cueillette sauvage et responsable
Récolte séchage et entreposage des plantes
Fabrication de produits thérapeutiques (pour apprendre à faire des macérations)
- Marie-Christine Vallières