Des plantes et des planètes | Petit récit de mythologie grecque
À l’École Les Âmes Fleurs, nous nous passionnons pour les systèmes médicaux traditionnels. Parmi eux, plusieurs nous proviennent d’Orient, dont l’Ayurvéda et la médecine traditionnelle chinoise. Certains modèles sont toutefois bel et bien issus de notre tradition occidentale. C’est le cas des 6 états des tissus des Physiomédicalistes du 19 e siècle par exemple, ainsi que d’un système de classification beaucoup plus âgé, soit celui des 7 planètes des Anciens Grecs.
Ce modèle est basé sur les 7 astres mobiles qui étaient visibles à l’œil nu à l’époque : le Soleil, la Lune, Mercure, Mars, Vénus, Jupiter et Saturne. Chaque planète est associée à un dieu grec (ou romain). Ce système de classification nous permet de nous créer des images (archétypes, personnages et histoires issus de la mythologie grecque) et ainsi de retenir plus facilement les actions des plantes médicinales sur les organes et les tissus, car bien évidemment, on ne voit pas le grand Zeus de la même façon que la belle Aphrodite.
Voici donc un petit récit de mythologie grecque afin de mieux comprendre la vision de ce modèle particulier, mais oh combien utile, car facile à visualiser et à mémoriser.
Tout le monde connait bien Zeus, mais savez-vous comment il s’est retrouvé à la tête du panthéon grec ? Selon les écrits de Homère* et de Hésiode, deux poètes, voici l’histoire de Zeus et de sa famille.
*Le personnage de Homère, auteur de l’Illiade, histoire de la Guerre de Troie, et de l’Odyssée relatant le retour du héros Ulysse, demeure entouré d’une aura de mystère. Certains croient que ses écrits seraient le fruit de plusieurs.
L’univers est né du Chaos qui a donné forme à Gaïa, la Terre, qui a engendré Ouranos, le ciel. Ce dernier donne à Gaïa plusieurs enfants, dont les Géants, les Cyclopes (géants avec un seul œil), les Hécatonchires (géants avec 50 têtes et 100 bras), puis les Titans et Titanides. Les 12 Titans représentent les premiers dieux et habitent le mont Othrys. Le plus jeune, Cronos, dieu du temps, prend le pouvoir, à la demande de sa mère, lasse des étreintes interminables du ciel qui l’étouffe, après avoir vaincu son père en lui coupant les parties génitales. La douleur est si grande qu’Ouranos s’éloigne de Gaïa à toute vitesse, repousséepar sa douce et trahie par sa progéniture. Avisé qu’à son tour il sera détrôné par un de ses enfants, Cronos décide de les manger dès leur naissance. Afin d’en sauver un, sa femme, Rhéa, décide de cacher un fils et de présenter une pierre à son mari qui n’y voit que du feu et l’avale d’un coup. Ce fils, c’est Zeus, élevé par une nymphe, qui revient vers son père en se faisant passer pour un serviteur qui lui sert un vomitif. Ainsi, Cronos vomit chacun de ses enfants, dont Poséidon, Hadès et Héra. Les frères et sœurs entrent alors en guerre contre les Titans. C’est la Titanomachie qui durera, à l’échelle humaine, des centaines d’années. Ceux qui deviendront les Olympiens gagnent l’affrontement et s’installent sur le mont Olympe, alors que les Titans sont enfermés dans le Tartare. Les Cyclopes, avec l’aide d’Héphaïstos, le dieu forgeron, forgent la foudre pour Zeus, dieu suprême, le trident pour Poséidon, dieu des mers et des chevaux, puis la kunée, casque d’invisibilité, pour Hadès, dieu des mondes souterrains bien malgré lui. Zeus engendre plusieurs enfants. Arès (Mars), dieu de la guerre, est le seul qu’il a avec sa femme Héra. Hermès (Mercure), Apollon (le Soleil) et sa sœur jumelle Artémis (la Lune) sont tous issus de relations hors mariage. Reste Aphrodite (Vénus), qui selon certains serait aussi la fille de Zeus, mais selon le mythe le plus répandu, serait plutôt née de l’écume provoquée par la chute des organes génitaux et du sperme d’Ouranos lors de sa chute aux mains de Cronos. Elle serait alors une déesse mère au même titre que Zeus, voir plus élevée que lui. Il n’est donc pas surprenant que plusieurs plantes, incluant bien sûr les roses, lui soient associées, car elle est une grande créatrice, synonyme de sexualité féminine.
Le Soleil est donc le dieu Apollon, la lumière dans sa forme la plus pure, l’ego, mais aussi le cœur et les yeux, le feu. La sœur jumelle d’Apollon, Artémis ou Diane, personnifie la Lune, astre de la nuit qui reflète la lumière du Soleil, le réceptacle, le cerveau et l’élément Eau. Mars, ou Arès chez les Grecs, est le dieu de la guerre. C’est la planète rouge, riche en fer, associée à la chaleur et à la sécheresse. Aphrodite, maîtresse de Mars, bien que femme d’Héphaïstos, est la déesse de la planète Vénus. C’est la beauté sous toutes ses formes. Hermès, le dieu ailé, celui qui voyage entre les Mondes, règne sur la planète Mercure, associée au système nerveux, principalement à la communication, et aux poumons liés à l’élément Air. Jupiter n’est autre que Zeus, nous l’aurons compris. Jupiter est la plus grosse des planètes. Elle est associée au foie et à l’expansion. Puis Saturne, l’ancien Titan Cronos, dieu du temps, qui pose les limites. Il s’agit de la planète la plus éloignée, la plus froide et la plus sèche, souvent associée aux plantes toxiques.
Chaque planète est ainsi associée à des caractéristiques autant physiques qu’énergétiques bien précises. Le Soleil est chaud et vivifiant (Apollon le rayonnant) alors que la Lune est froide et calmante (Artémis la prude chasseresse). Mercure est associé au système respiratoire et à l’intellect (Hermès le rusé). Mars est le guerrier par excellence (Arès le colérique). Vénus est la princesse (Aphrodite la maîtresse passionnée). Jupiter (Zeus l’explosif), planète gazeuse, représente l’expansion, puis Saturne (Cronos le hargneux) et ses anneaux, les limites et la discipline.
Dans ce modèle où chaque déité représente finalement une facette de chacun de nous, on y associe plantes et planètes pour équilibrer certains organes, certaines conditions et certains traits de caractère. Le millepertuis, par exemple, est une plante solaire. Ses fleurs sont des rayons de soleil et son action sur la mélancolie en fait une plante de vitalité. L’ortie est une plante martienne. Ses feuilles lancéolées et ses poils urticants font d’elle une véritable combattante, sans compter son action sur le sang et sa composition riche en fer. La lavande, avec ses fleurs mauves et son action sur le système nerveux, représente Mercure l’aérien. Les plantes carminatives (gaz) sont souvent associées à Jupiter, la planète gazeuse, alors que le Soleil et Mars règnent sur les plantes chaudes. Avec la morphologie, les couleurs, l’habitat, les actions et l’énergétique d’une plante, il devient facile de créer des images mentales permettant l’association avec une planète et le personnage qui la représente. C’est un système simple et amusant qui favorise l’apprentissage, et ce peu importe vos croyances.
Les plantes et les planètes sont donc plus proches qu’on ne pourrait le croire. D’ailleurs pour les Anciens, les plantes étaient comme des étoiles descendues sur Terre pour nous éclairer. Remarquez que les deux mots ont la même racine et qu’il suffit de retirer le è de planète pour obtenir le mot plante. N’est-ce pas fascinant ?
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Par Marie-Christine Vallières
Herboriste thérapeute accréditée et bachelière en anthropologie
- Marie-Christine Vallières